David Brown, pasteur à Paris Cardinet, prend sa retraite après 44 ans de ministère en France. L’un des premiers missionnaires à rejoindre France-Mission, il a œuvré dans plusieurs projets d’implantation d’Eglise. En revenant sur son parcours, nous lui avons aussi demandé quels enseignements il retient de ses années de ministère et son regard sur les enjeux qui attendent les Eglises évangéliques dans les prochaines années.
J’ai rejoint France-Mission en 1976. Alors jeune professeur, nous avions formé une petite église dans notre salon à Nancy et je cherchais à être entouré par une mission et des personnes de bon conseil. Avec ma femme, nous nous sommes installés dans la ville de Vandœuvre, et dès le début nous avons vu la main de notre Seigneur. J’avais demandé à un promoteur immobilier que je connaissais s’il avait des pistes de logement. En l’espace de quelques minutes dans son bureau il nous avait proposé non seulement un appartement, mais aussi la location d’une salle dans un centre commercial pour démarrer des cultes publics, et la possibilité de tenir un stand biblique dans ce même centre chaque samedi !
L’année suivante 1977 a bien commencé. Au mois de janvier j’ai assisté à deux journées de rencontres avec les autres missionnaires de France-Mission : nous étions seulement une dizaine de frères … y compris le comité ! La mission a bien grandi depuis. Mais au mois de mai j’ai vécu un événement dramatique, un accident de la circulation au retour du congrès qui a coûté la vie à ma femme, Jan. J’étais donc seul avec deux enfants, une fille de deux ans et un petit garçon qui n’avait que deux mois. Malgré cela l’Église de Vandoeuvre au vu le jour et a commencé à se développer.
Le Seigneur veillait sur moi et l’année suivante je me suis marié avec Mary. Elle est encore à à mes côtés aujourd’hui, après plus de 40 années de ministère ensemble.
Le rythme d’une dizaine d’années me paraissait idéal pour assurer l’implantation d’une Eglise, avant de passer le témoin à un autre pasteur et de poursuivre le ministère ailleurs. Dix années pour passer du stade d’un tout petit noyau à celui d’une Église majeure, en association 1905, avec son équipe pastorale et ses locaux. À chaque étape de notre ministère, le Seigneur a répondu à quasiment chacune de ces aspirations – à Vandoeuvre (1976 – 1986), Villers-lès-Nancy (1986 – 1997), le Blanc-Mesnil (1997-2008), Paris-Cardinet (2008-2020). Et chaque fois Dieu a pourvu miraculeusement à un logement que nous avons pu acheter avec notre budget limité.
Entre 1983 et 1995 j’étais membre du comité de France–Mission et ensuite, de 1995 à 2008, membre du comité de direction chargé du développement des Églises. Un de mes apports significatifs a été la création du DREP (Département Relations avec les Églises Partenaires) qui a permis à France-Mission (et Perspectives aujourd’hui) de devenir « Des Églises, une mission ». Auparavant, en arrivant au stade Église majeure, les Églises implantées rejoignaient une autre union d’Églises.
Pendant ce temps, j’ai aussi été secrétaire-général des GBU (Groupes Bibliques Universitaires) pendant une dizaine d’années (2003-2012) en parallèle à mon ministère d’Église. Un moment extraordinaire de restructuration, de développement et de « francisation » des GBU grâce à plusieurs nouveaux jeunes collaborateurs.
Cette dernière étape dans l’Église de Paris 17e a constitué une revitalisation de cette Église : on m’a souvent répété que si nous n’avions pas répondu à l’appel de Dieu pour en assumer la responsabilité, ils auraient mis la clé sous le paillasson. Et la revitalisation est devenue désormais le centre de mon ministère. Certes je prends ma retraite en tant que pasteur en charge d’une Église après 44 années à France-Mission / Perspectives. Mais je ne trouve pas le mot retraite dans la Bible et je continue à servir le Seigneur par la rédaction de livres (jusqu’ici, 9 livres publiés sur des thèmes de l’église et de l’apologétique) et par la formation à la revitalisation d’Églises, notamment dans le cadre du ELF (European Leadership Forum), où je suis responsable du réseau Revitalisation (voir le site revitalisation.fr). En particulier, j’assure des formations en France et dans d’autres pays de l’Europe sur les sujets que j’aborde dans la suite de ce témoignage.
J’ai appris bien des choses qui je l’espère encourageront d’autres personnes impliquées dans le ministère :
Quels enjeux me paraissent importants dans les prochaines années pour les Églises évangéliques ?
Cela concerne à la fois les Églises nouvellement implantées et les Églises existantes (qui ont souvent besoin de revitalisation). Il s’agit de vivre une vie d’Église autour de trois pôles – le spirituel, le social, le sociétal.
Ma définition d’une Église en bonne santé est donc la suivante :
Concrètement, il sera de plus en plus nécessaire de vivre l’Église hybride, mot que j’ai choisi pour indiquer qu’il faut donner une importance égale à l’Église rassemblée (lieu d’édification des croyants) et l’Église dispersée (lieu de mission des chrétiens dans leurs quatre réseaux relationnels : famille, travail / lieu d’études, quartier et loisirs).
Le schéma ci-dessous sert à communiquer cette vision aux membres de nos Églises. À une époque où l’indifférence envers la foi caractérise nos contemporains, c’est le témoignage de chaque chrétien dans son milieu qui est l’élément le plus persuasif aujourd’hui. Je pourrais en dire beaucoup plus, mais pour cela il faudrait assister à un de mes séminaires !