Le protestantisme évangélique français est dans une dynamique de croissance. Dans une société fortement marquée par une sécularisation avancée, postmoderne et post-chrétienne, cette réalité est remarquable et réjouissante. Cette croissance est cependant modérée. L’augmentation du nombre de pratiquants réguliers ne dépasse que légèrement le développement démographique et le nombre global reste encore sous la barre des 1% de la population.
Le développement est particulièrement palpable dans le domaine de l’implantation d’Églises. De manière concrète, l’Évangile pénètre ainsi de manière pérenne dans des nouveaux quartiers des grandes villes et dans des villes en zones rurales au rythme d’une Église supplémentaire tous les 10 jours. France-Mission et Vision France prennent une part active dans cet effort national qui doit conduire, selon le CNEF, à tripler le nombre d’Églises dans les prochaines années pour arriver au ratio de « 1 Église pour 10 000 habitants ».
Avec le lancement récent d’une dizaine d’implantations par rapport à la cinquantaine d’Églises existantes, France-Mission fait partie des unions très investies dans le développement. Vision-France, après des efforts déjà plus anciens dans le Jura et en Vendée, a lancé récemment un projet d’implantation de plusieurs Églises à Strasbourg. Les thématiques incontournables dans une implantation d’Églises influencent, avec raison, aussi des Églises existantes. Quelques Églises de France-Mission et de Vision France ont ainsi déjà fait les adaptations nécessaires pour devenir, ou redevenir, des Églises véritablement missionnelles. C’est-à-dire, des Églises résolument tournées vers l’extérieur, en semaine et le dimanche, au service de leur quartier et des habitants de leur ville. Et le Seigneur qui est fidèle accorde du fruit avec des conversions et des disciples qui font d’autres disciples.
Or force est de constater que nous n’assistons pas vraiment à une multiplication des disciples ! Nous ne voyons pas l’émergence et la multiplication des ministères ! Nous ne voyons pas la multuplication des Églises ! Nous faisons l’expérience d’une faible ADDITION quand il faudrait une véritable MULTIPLICATION !
Alors que faire ? Sans changement radical, dans l’écoute et la dépendance de l’Esprit Saint, nous ne pouvons pas espérer passer de l’addition (faible) à la multiplication (nécessaire).
Nous mettons en place une nouvelle union d’Églises. Si nous la bâtissons simplement sur ce que nous savons faire, ce que nous avons toujours fait, ne nous leurrons pas, rien ne changera ! Peut-être réussirons-nous à former un peu plus de pasteurs et de responsables bénévoles, à avoir des Églises un peu plus dynamiques, à implanter un peu plus d’Églises. Mais, soyons lucides, le compte n’y sera pas ! Le lancement d’une nouvelle Union d’Églises est une opportunité à saisir… à condition que nous ayons réellement le désir d’avoir des « outres neuves pour un ADN nouveau » ! Car notre défi n’est rien de moins que de développer un autre ADN, développer en profondeur une autre culture, bibliquement fondée et capable de répondre à la situation présente.
Patrice Alcindor, président de l’union Perspectives