Retour sur l’histoire locale du début du 20ème siècle : l’Alsace est à ce moment-là française. Le positionnement géographique et politique de la région fait qu’une caserne se trouve sur le territoire de la commune. Le contexte religieux local est plutôt luthérien. Avec l’arrivée du piétisme en Alsace par l’œuvre Chrischona de Suisse, des paroissiens luthériens, en parallèle de leur église, commencent à se réunir pour approfondir leur vie spirituelle. Dès 1908, l’instituteur du village réunit des militaires de la caserne pour les premières rencontres d’études bibliques, et, conjointement, avec quelques frères, ils organisent une mission sous tente. Quelques familles se joignent à eux et se réunissent dans un bistrot de Neuf-Brisach.
Les pasteurs de l’église Chrischona de Colmar assurent les cultes et le travail de visite.
La Chapelle est construite en 1932.
Nos ancêtres sont déjà missionnels…
Les cultes, d’abord en langue allemande, restent bilingues jusqu’en 1985: pour nous les jeunes, c’est le «groupe des jeunes» qui est notre moyen d’intégration. Durant une génération, l’église se stabilise autour de quelques familles actives, mais avec peu d’impact sur son environnement. Hormis plusieurs investissements :
Reste dans ma mémoire l’interpellation incisive du directeur de Chrischona de l’époque, lors du cinquantenaire de l’église : « Que fait aujourd’hui votre église pour l’avancement du royaume de Dieu ? »
En 1985, l’église devient indépendante de celle de Colmar. Les membres de cette dernière contribuent remarquablement financièrement à l’achat d’un presbytère, qui a permis l’arrivée d’un 1er pasteur très missionnaire.
L’église commence à s’ouvrir, accueille les premières conversions, et se structure.
Avec l’aide de plusieurs pasteurs successifs, l’église devient accueillante, et promeut un caractère très familial. L’importance donnée aux enfants et aux jeunes est l’un de ses marqueurs.
Cette génération de l’église se caractérise par son ouverture : une créativité remarquable, l’implication dans la vie sociale, la diversité générationnelle, l’accueil de l’étranger.
Plusieurs actions sont mises en œuvre pour un accueil chaleureux, un témoignage vivant et adapté à sa génération. Avec des initiatives exemplaires : rencontres d’enfants dans les quartiers ZUP, feu de camp/témoignages annuel bien fréquenté par les personnes du village, collaboration avec les autres églises locales aboutissant même à une soirée louange avec 1000 personnes… L’église adopte une pratique de louange renouvelée et s’ouvre en douceur à une pratique de la vie de l’Esprit plus expressive.
Des réserves…
Je me permets deux remarques, avec le recul, reconnaissant moi-même ma responsabilité, pour pointer des pièges possibles :
Une volonté forte s’impose d’aller « là où sont les gens ». Un grand projet initialement partenaire de l’église voit le jour avec l’acquisition par un responsable de l’église d’un grand bâtiment industriel. Un Skate-park chrétien est créé, permettant un lieu de témoignage remarquable.
La Chapelle étant devenue trop petite et non compatible avec les normes de sécurité, la communauté décide de déménager dans ce nouvel espace, ouvrant ainsi des champs nouveaux.
Un conflit divise l’église. Une partie des membres désire un profond virage charismatique et structurel. Une autre est soucieuse de préserver l’attachement de l’église à son histoire et d’intégrer « Églises Perspectives » en gestation. La séparation est difficile et laisse des marques. Même si, 5 ans après, une normalisation est en cours.
Le départ des forces vives ne permet pas à la part restante de l’église de trouver les ressources pour continuer à exister. Cette dernière rejoint une église mennonite voisine bienveillante.
Ce 16 novembre, un grand nombre d’anciens participants à l’EEPB se retrouve pour un temps de recueillement et de louange.
Les témoignages des anciens pasteurs, ainsi que de jeunes et d’accueillis dans l’église relèvent les fruits marquants de l’église. Des sujets de reconnaissance et de souffrance sont exprimés.
L’église EEPB s’en est allée, mais elle continue d’exister, de porter des fruits de qualité dans beaucoup d’églises de France et d’ailleurs. Plusieurs de nos églises profitent actuellement de dons et de prêts financiers accordés suite à la dissolution de l’église.
D’autre part, des hommes et des femmes, hier jeunes et aujourd’hui adultes, « dispersés » suite à leurs études et à leur travail, sont devenus des disciples matures, engagés, certains pasteurs, des piliers au service de Jésus et de son Église.
Aucune église locale n’est éternelle, mais l’Église de Jésus Christ subsistera toujours.
Honneur au Christ avec cette parole de Paul aux Éphésiens 5.25-27
« Le Christ a aimé l’Église : il a donné sa vie pour elle afin de la rendre digne de Dieu après l’avoir purifiée par sa Parole, comme par le bain nuptial. Il a ainsi voulu se présenter cette Église à lui-même, rayonnante de beauté, sans tache, ni ride, ni aucun défaut, mais digne de Dieu et irréprochable ».