Les communauté d’apprentissage de développement d’Eglises sont un parcours qui se vit en communauté de responsables ou de conseils d’Église. L’apprentissage se fait de manière collaborative et interactive. En raison de la pandémie, les communautés ont lieu en ligne cette année. Pour en faire profiter le plus grand nombre, nous avons retranscrit l’intervention qui a ensuite été débattue en petits groupes.
Le but de notre Communauté d’Apprentissage pour le développement de l’Église n’est pas d’abord une discussion sur la manière de développer de nouvelles stratégies pour toucher de manière plus efficace nos contemporains, pour que nos Eglises puissent croître. Il s’agit de parler de “Comment être l’Eglise » – pas même d’être « l’Eglise autrement », mais « Être vraiment Eglise dans et pour le temps présent ». Si cela conduit à la croissance, au développement – gloire à Dieu. Conviction c’est que dans la très grande majorité des cas notre consécration à être vraiment l’Eglise aboutira à une croissance.
Dans leur livre « Faith for Exiles : 5 Ways for a new generation to follow Jesus in digital Babylon », David Kinnaman et Mark Matlock à partir des études de l’institut Barna (institut de sondage évangélique spécialisé dans l’étude du Christianisme aux USA) montre qu’aux États-Unis, si 48% des 18-29 ans qui ont grandi dans un foyer chrétien assistent régulièrement à un culte, seuls 10% sont encore des chrétiens solides, qu’ils appellent « résiliants », engagés dans une communauté, adhérents solidement aux doctrines chrétiennes, et manifestant une spiritualité personnelle vivante.
Quatre types d’exilés :
Nous avons du mal à vivre l’Eglise comme nous la vivions autrefois. Il est difficile de prévoir le moment où nous sortirons de ce contexte. Chaque mois qui passe interroge la probabilité d’une sortie rapide de la pandémie. Comment mettre à profit cette période ? Le temps de l’inventivité, de la réponse créative d’alternative à l’Eglise telle que nous la vivions tends à s’épuiser… Comment vivre le temps présent comme une opportunité pour l’Eglise ?
Nous n’allons pas regarder la question de l’Eglise dans sa globalité, mais nous concentrer sur un aspect lié à l’Eglise dispersée.
La CAd d’aujourd’hui ne vise pas une nouvelle stratégie, pas une nouvelle mode, un nouveau truc à développer, mais veut nous inviter à une interrogation profonde : comment nos vies sont-elles formées par la manière dont nous vivons ? Pouvons-nous avoir des pratiques intentionnelles qui nous façonnent et façonnent nos vies de telles sortes que nos vies soient un signe pour ceux qui nous entourent ?
Elle peut se résumer par : « Apprendre pour agir différemment ».
En d’autres termes, l’orthodoxie doit mener à l’orthopraxie. Une pensée droite induit un comportement droit.
Mais nous devons reconnaître que nous vivons aussi l’inverse : nos habitudes nous forment. Les habitudes du monde nous forment… et nous déforment. « Tout comme les habitudes d’une société façonnent ses valeurs, les habitudes personnelles d’un individu peuvent également façonner ses valeurs. En fait, je pense que c’est un aspect très négligé du discipulat. Nous devons encourager un ensemble d’habitudes parmi les chrétiens qui, à leur tour, façonneront leurs valeurs et leurs croyances » M. Frost.
Ne devons-nous pas être plus intentionnels pour ajouter à notre formation, une attention particulière, intentionnelle aux pratiques qui nous forment ?
Nous mettons déjà en avant certaines pratiques communautaires et individuelles : aller au culte, donner la dîme / faire son culte personnel (lecture biblique et prière).
Cela nous lie les uns aux autres, cela nous enracine dans notre vie spirituelle personnelle
Une chose que l’on fait de manière régulière et constante de telle sorte que cela devienne presque involontaire. On a tellement l’habitude que cela ne pose plus question – mais on ne perd pas de vue la raison pour laquelle on fait cette chose !!!
Comme le dit Paul nous devons vivre de telle sorte que l’enseignement de l’Eglise soit attractif.
« Conduisez-vous avec sagesse envers ceux du dehors, et rachetez le temps. Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun ». Colossiens 4.2-6
« Mais sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur, étant toujours prêts à vous défendre, avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous », 1 Pierre 3.15-16
C’est Michael Frost qui dit à ce propos : « En bref, notre tâche est de surprendre le monde ».
L’apôtre Paul et l’apôtre Pierre supposaient tous deux que les non-chrétiens poseraient des questions aux chrétiens en voyant leur style de vie. Nous ne sommes pas tous appelés à être des évangélistes qui vont « d’emblée annoncer l’évangile », mais nous sommes tous appelés à mener des vies qui soient des signes qui ne manqueront pas de provoquer tôt ou tard des questions auxquels nous pourrons alors répondre en indiquant la source de nos pratiques.
Quel genre de vie provoquera des questions ?
Frost pose la question : « Réfléchissez sur les rythmes de votre vie. Lesquelles sont motivés premièrement par votre foi ? De ceux là, lesquels pensez-vous pourraient être qualifiés de pratiques « questionnable » – des pratiques que les non-chrétiens autour de vous trouveraient surprenantes et intriguantes ? »
Vivre des vies qui sont des signes – Vivre des vies qui ont un sens.
Quelles sont les pratiques communautaires qui expriment des valeurs partagées et qui forment la communauté ? Passons des valeurs aux pratiques.
Dans son livre, M. Frost résume les bonnes pratiques missionnelles avec l’acronyme BELLS (Bless, Eat, Listen, Learn, Sent). Nous vous proposons la version en français adaptée par l’Eglise de Paris-Cardinet :
Est-ce possible que dans votre vie quotidienne vous soyez déjà en train de montrer son caractère : justice, beauté, réconciliation, restauration ?
Si vous vivez dans une zone ou cela fait sens, prenez l’habitude de marcher dans votre quartier, que ce soit pour vous promener comme pour aller à la poste, à la boulagerie etc.
« Intéressez-vous à votre voisinage. Posez des questions. Priez alors que vous marchez. Sauvez la planète… et des personnes ! »
Au lieu d’aller de ci de là pour l’essence, le coiffeur, manger, prendre un café etc. soyez un habitué de certain lieux.
Ne faites pas l’erreur d’ajouter ces pratiques à votre emploi du temps. Faites au contraire de votre emploi du temps un emploi du temps missionnel !
Ce qu’impliquent certaines pratiques : changement radical de vie (Consommation, accomplissement dans le travail, suractivité des enfants…) pour faire place à des pratiques qui nous ancrent dans la réalité du royaume de Dieu et qui soit des signes pour le monde.
Livres cités :
Patrice Alcindor, Président de Perspectives.
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